1994, La Commedia
Au château de Montfaucon et au fort du Mont-Bart
Rencontre entre un fou de Dante et une région soucieuse de fortifier son patrimoine. Décor grandiose, comédiens de talent, metteur en scène passionné servent merveilleusement l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis.
Marie-Thérèse Renaud-Simon
L'Est magazine, 3 juillet 1994
On se réveille le lendemain, et on se demande si on a pas rêvé...un autre « songe d'une nuit d'été ».
L'Est républicain, 8 juillet 1994
Voyage entre terre et ciel, enfer et paradis, rêve et réalité...Qui a vu La Commedia ne pourra jamais plus visiter le Fort du Mont-Bart sans penser à Dante.
L'Est Montbéliard, 20 juillet 1994
Une écriture de la Divine Comédie pour le Théâtre.
Présenter la Divine Comédie au théâtre est un défi. Tout ce qui touche au Poème Sacré est un défi. Sa lecture même en est un...L'oeuvre nous résiste, exige de nous. Prendre ce risque, voilà qui nous évitera peut-être "l'enfer des lâches qui vécurent sans vice et sans vertu".
Le théâtre ne peut tout résoudre. Rien ne pourra jamais remplacer la lecture du poème dans sa langue, sans intermédiaire, suivant le rythme et l'imagination du lecteur. Mais le théâtre peut être moyen d'initiation. Pour nous atteindre les idées ont besoin d'un espace, les images d'une épaisseur. Dante lui-même donne l'exemple, il se met en scène. Voulant réveiller la conscience de ses contemporains, il s'invente une expérience personnelle. Il s'adresse aux hommes en décrivant des espaces qui frapperont leur imagination, leur sensibilité. Il les invite à le suivre dans un monde ordonné, à la fois abstrait, chargé de signes et de symboles, mais aussi criant de vérités. Entre règle et émotion réside la théâtralité du poème.
La Divine Comédie dit comment "on s'invente une vie", une Vita Nova, lorsque l'on a, comme Dante, vécu "exilé de l'amour" et pressenti ce qu'aimer veut dire. Dante ne vivra l'amour qu'à travers un souvenir. S'il le réalise ce ne sera que dans la maturité d'une écriture savante et désespérée. La beauté rédemptrice de la Divine Comédie tient à ce désespoir, à l'inaccomplissement devenu tragédie intime. Dante exilé de la vie fait un rêve divin. Mais que pense-t-il du dernier regard de Béatrice ? Elle, si lointaine...Paolo et Francesca sont en enfer, Dante sera sauvé, mais eux se sont aimés alors que lui n'a pas obtenu l'amour de Béatrice. Les deux réprouvés sont ensemble, ils tournent dans le noir sans espérance, mais ils sont ensemble. Il est un Enfer au Paradis et un Paradis en Enfer.
La Divine Comédie est "tragédie intime" mais aussi "tragédie poétique". A Dante manque la matière pour exprimer l'immatériel. La beauté de son Paradis naît de cette impossibilité à le décrire. Le Paradis ne peut être qu'un souvenir...oublié, un poème...sans mot. La forme se perd en devenant sublime. De la Divine Comédie on ne peut donner une représentation réaliste. Pour l'interpréter il faut une image décalée, une image qui surprend comme toute image poétique. Nous devons faire comme si l'immatériel pouvait se dire avec des mots dont le sens serait perturbé, comme si le corps en perdant son centre de gravité devenait esprit. La vision poétique est le seul moyen de confondre l'âme.