Créations ?

Statue

Voilà un bien grand mot et pourtant... L’ambition artistique n’est pas une fatuité. Elle est nécessité vitale. Il s’agit de donner à la pensée un espace, à l’imagination une forme, à la vie un sens. Il s'agit de s’affranchir des servitudes d’un monde mercantile, de résister aux ambitions vulgaires, de donner corps à de nouvelles utopies. Si cela dérange, c’est bien.

Nous recherchons les œuvres étranges,étrangères, celles que l’on ne comprend pas a priori, les œuvres primitives, chaotiques, inachevées, génératrices d’autres œuvres.
Nous recherchons les mythes qui alimentent l’imagination, transcendent les cultures, les époques.
Nous jouons librement, comme des enfants, avec Dante, Gœthe, Shakespeare, Kleist, Dostoïevski, Andréïev, Joyce, Beckett, Faulkner et d'autres...
Sans les sacraliser nous relions les œuvres, joyeusement métissons les formes.

dimanche 1 janvier 2006

Faust

D'après Gœthe

À Asnières en 2006 :



Au parc de Consolation (Doubs) en 2000 :



Arc-et-Senans (Doubs) 2006

Asnières 2006,
Villeneuve-la-Garenne 2005

Parc de Consolation (Doubs) 2000

Paris Cité Internationale 1979

Au jeu des comparaisons il n’y a pas photo entre les deux Faust à l’affiche ce printemps sur les scènes hexagonales. Tous les ressorts scéniques déployés à la Comédie-Française se révèlent incapables de maintenir à flot la mise en scène d’Alexandre Lang. Alors que le spectacle imaginé à Besançon par Patrick Mélior assume joyeusement sa simplicité. On ne saurait trop conseiller de réserver au Théâtre Granit de Belfort où la mise en scène de Goethe-Faust par Patrick Melior est à l’affiche après avoir été créée au Nouveau Théâtre de Besançon. Un formidable Méphistophélès incarné par une femme (Chantal Mélior). Un grand cabaret expressionniste où l’on rit et frissonne. Un bel appétit sans arrière-pensées.

René Solis, Libération, 4 mai 1999



Maudit soit tout ce qui enferme l'âme dans un réseau de leurres et de fictions, maudit soit ce monde des apparences qui s'impose à nos sens, maudites soient la gloire et la renommée...

Faust


Une épopée

Le Faust et le Second Faust naquirent de cette ambition, poursuivie par Gœthe pendant soixante années, de réaliser un drame suffisamment vaste pour situer le tourment de l’homme et le résoudre. Le souci passionné d’aller au-delà de toute mesure, de remettre en question toutes les acquisitions de l’esprit s’exprime ici. Parce que Gœthea dépassé la légende primitive, les états d’âmes romantiques, il a, pour nous, amplifié le mythe, donné un cadre plus large à nos interrogations. Pour accueillir toutes les interprétations, les tourments, les vertiges de notre siècle, il fallait une œuvre ayant l’ampleur d’une épopée.

L’idéal féminin

Imaginons un savant, perclus de connaissances (« Philosophie, droit, médecine, théologie aussi hélas ! »), imaginons qu’un soir le savant se désole : tant de savoir et si peu de vie ! Or il est déjà si tard, et le désir si pressant…Un Diable lui est donné, un bouffon, un Méphisto à plume de coq. Une petite goutte de sang au bas d’un parchemin et l’affaire est conclue. Faust et Méphisto se mettent en mouvement : un couple en voyage. Vers des repaires de sorcières, dans les montagnes du Nord, enivré par le sabbat de Walpurgis, Faust est entraîné vers les femmes, vers Marguerite dans les brumes germaniques, vers Hélène, l’idéal féminin de l’antiquité, au soleil de Méditerranée.

Un récit populaire

"Faust" est d'abord un récit fabuleux d'origine populaire. Mais chaque époque a donné au mythe une lecture spécifique. Avec Gœthe nous faisons le choix de la philosophie. Mais avec lui également nous savons que ce choix sera aussi un choix de théâtre, de spectacle, de jeu, de plaisir. Comme le docteur Faust, nous nous donnerons un peu au diable de la scène, à la paillette et aux apparences pour mieux goûter au plaisir de la pensée. L'intellect n’est pas ennemi du corps. "Faust"est aussi l'occasion d'un voyage dans des formes théâtrales très variées. Se côtoient théâtre réaliste, mélodramatique, poétique, tragique, comique, mais aussi dans le temps et l'espace, cabaret berlinois et exotisme oriental.

Ledoux, Rousseau…et Gœthe

Outre les dates, l’époque, ce qui lie Ledoux et Gœthe, c’est Rousseau. On connaît l’influence de Rousseau et de sa pensée sur «l’architecte-philosophe» qu’est Ledoux. Les réflexions de Ledoux sur le théâtre et la théâtralité sont directement marquées par la philosophie de Rousseau. L’écriture architecturale de Ledoux est inspirée par la nature, elle-même référence et symbolique formelle de son architecture.

Ce que l’on connaît moins, c’est l’influence de Rousseau sur un mouvement littéraire préromantique allemand : le Sturm und Drang (1770-1790). Ce mouvement compte parmi ses membres…le jeune Gœthe (cf. Werther), il oppose au rationalisme du siècle des lumières, à Voltaire, les exigences de l’imagination, de la sensibilité.

Dans le célèbre monologue de Faust, le docteur, le savant, pose les limites de sa science. La vie est un mystère plus large que tout ce que l’on peut imaginer. La connaissance, la science ne suffit pas au bonheur, à l’amour, à la vie.

On a donc bien à l’articulation entre ces deux siècles, le XVIII et le XIX, la question toujours posée de la maîtrise par l’homme de son destin. Cette même question court toujours. Notre XXI siècle, si savant, ne se la pose-t-il pas et de façon plus angoissée encore ? Le rêve de Rousseau, l’utopie de Ledoux, l’idéal de Gœthe ne sont pas de vieilles questions que l’on pourrait ignorer.

mercredi 1 janvier 2003

Passacaille

2002 - 2003

À Sainte Suzanne :

Au Castel St Denis :


Castel Saint-Denis
(Franche-Comté) :

Théâtre du Voyageur (Asnières):

Sainte Suzanne, Festival des Nuits de la Mayenne (2003) :

Sa ligne de conduite était donc claire à présent. Il armerait son esprit de rire...

Belacqua


Dante et Beckett

Dans la Divine Comédie , au chant IV du Purgatoire, parmi les “indolents”, Beckett rencontre un personnage qui va marquer toute son oeuvre. Belacqua préfigure “l’épuisement” que l’on retrouve dans tous les personnages beckettiens. Mais Belacqua est aussi une figure attachante d’humanité, de lâcheté, de sincérité. L’humour l’emporte sur la tragédie. La vie est plus forte que le désespoir. Belacqua aide à comprendre Beckett : une philosophie de la résistance, une jubilation exubérante bien loin des idées convenues et morbides que l’on prète trop souvent à l’auteur de Fin de Partie .

Une histoire simple

Belacqua tente de lire la Divine Comédie ... Béatrice au Paradis explique “les taches de la lune”. Dante ne comprend rien. Belacqua non plus. Sa “professoressa” d’italien est, elle aussi, en difficulté. Et puis il y a Winnie, l’Alba, Ruby, Sméraldina,Thelma..., les amours fantasques de Belacqua. Dante a Béatrice, mais elle est si loin..., inacessible au coeur triomphant d’une rosace. Le paradis de Belacqua est un livre, un livre toujours relu, insaisissable. Il est “coincé dans la lune...”, mais peut-être un jour sa charmante “professoressa” lui expliquera...


Un petit air de Passacaille sur la cité. Un voyage théâtral : arrêt dans le jardin du Manoir, rencontre impromptue avec une amoureuse éplorée se lamentant à sa fenêtre, un petit tour sur les remparts à la poursuite d'une vieille lady anglaise et point final du périple, le château mystérieux baigné par le clair de lune où le public prend place dans une ambiance magique et surréaliste. On peut se rendre compte combien le spectacle se fond dans le décor, exploite au maximum les possibilités offertes par le patrimoine de Sainte-Suzanne. Guidés par les comédiens, les spectateurs se prêtent avec un amusement manifeste à la déambulation à travers des ruelles et des chemins parfois tortueux. La mise en scène prend ici toute sa grandeur.

Florence Le Méhauté
Ouest-France, 6 Août 2003

mardi 2 juillet 2002

Tas de pierres

Victor Hugo. Citadelle de Besançon, 2002.


Petits poèmes de Victor Hugo retrouvés dans ses papiers…


Avec : Ariane Lacquement, Chantal Melior

Piano : Carol Lipkind

jeudi 1 janvier 1998

Zigzag

1998, d'après Mercier et Camier de Beckett

Forêt de Gilley (Doubs)

Train Le Locle (Suisse) - Gilley

Opéra Théâtre de Besançon

Zigzag…est un petit mot, amusant, désuet, un peu étrange pour dire ici ou là, en haut, en bas. Sur la ligne brisée du destin, deux personnages se passionnent de rien : un parapluie, un sac, une bicyclette…sujets d'enthousiasme ou de désespoir. Tragédie ou Comédie de deux humeurs vagabondes…

Couple raté, Mercier et Camier ne peuvent ni parler, ni se taire, ni partir, ni demeurer en place, ni vivre ensemble, ni vivre seuls. Alors ils se disputent, se réconcilient. Il y a de l'amour, de la haine mais surtout de l'amour. Amour modeste qui n'attend rien.


Deux compères, Mercier et Camier, se sont donné rendez-vous dans un petit square. Camier, arrivé le premier et ne trouvant pas Mercier, est parti faire un tour. Mercier ayant fait la même chose, ils ont ainsi perdu près d'une heure et ont fini par se rencontrer.

Ils se querellent avec un gardien de la paix qui prétendait leur faire enlever leur bicyclette enchaînée à un arbre. Ils se mettent en route avec la bicyclette, un imperméable, un sac, un parapluie, un seul pour deux.

Ils font halte pour la nuit chez leur amie Hélène qui tient une maison de tolérance. Ils ont perdu avant d'y arriver la bicyclette, puis le parapluie, puis le sac.

Au matin, alors qu'il pleut, ils vont prendre le premier train express vers le Sud. Ils n'ont rien mangé depuis vingt-quatre heures. S'abritant sous l'imper, Camier traverse la rue pour aller acheter des massepains. En attendant, Mercier chasse deux enfants qui l'ont appelé papa, et voit une grosse femme renversée par une voiture.

Par erreur ils montent dans un omnibus. Un vieillard leur raconte sa vie. C'est le vieux Madden, l'ancien garçon boucher...

L'éternel féminin

1998, d'après Gœthe et Nietzsche.



Création dans le train Le Locle (Suisse), Morteau, Gilley...
Arrêts dans des gares puis dans une forêt.
En partenariat avec la S.N.C.F.

Le public se voit proposer un voyage. Mais le train, omnibus, ne s’arrête pas là où il est convenu de s’arrêter. Dans des lieux dont on a mis en valeur les qualités « dramatiques » se déroule un spectacle à épisodes multiples. Le spectateur fait d’étranges rencontres. De nombreux personnages hantent gares, quais, forêts, paysages oniriques. De courtes comédies, tragédies, fantasmagories, accompagnent le spectateur-acteur de ce parcours initiatique.

Des textes de Nietzsche exaltent la vie et l’homme pris dans les éléments naturels, le cosmos..., soudain, un chant monte des profondeurs de la forêt, les notes cristallines d’un piano accompagnent une voix pure.

L'Est Républicain, 20 juillet 1998

Prenez le train du rêve. Spectacle hallucinant. Des comédiens, que l’on croirait échappés de quelque “En attendant Godot”, errent sur le quai de gare du Locle. Ils s’apprêtent à prendre “le premier express pour le Sud !” C’est le début du spectacle. Pour ce voyage certains passagers sont des acteurs et jouent leur rôle de voyageurs d’un autre temps. Mais ce train pour nulle part poursuit son itinéraire, plongeant dans l’obscurité. Et voilà que le convoi s’arrête devant un théâtre de verdure en pleine forêt. Lieu magique par la grâce des danses, musiques et textes. Un très beau travail du metteur en scène Patrick Melior et de sa troupe.

L’Impartial, 25 juillet 1998

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