Créations ?

Statue

Voilà un bien grand mot et pourtant... L’ambition artistique n’est pas une fatuité. Elle est nécessité vitale. Il s’agit de donner à la pensée un espace, à l’imagination une forme, à la vie un sens. Il s'agit de s’affranchir des servitudes d’un monde mercantile, de résister aux ambitions vulgaires, de donner corps à de nouvelles utopies. Si cela dérange, c’est bien.

Nous recherchons les œuvres étranges,étrangères, celles que l’on ne comprend pas a priori, les œuvres primitives, chaotiques, inachevées, génératrices d’autres œuvres.
Nous recherchons les mythes qui alimentent l’imagination, transcendent les cultures, les époques.
Nous jouons librement, comme des enfants, avec Dante, Gœthe, Shakespeare, Kleist, Dostoïevski, Andréïev, Joyce, Beckett, Faulkner et d'autres...
Sans les sacraliser nous relions les œuvres, joyeusement métissons les formes.

dimanche 12 février 2017

Le Grand Escroc (création)

Janvier 2017. Herman Melville
Au Théâtre du Voyageur





Adaptation, mise en scène : Patrick MELIOR
Avec Jean-Pierre BOLARD et Catherine CLERC
Lumières : Michel CHAUVOT

Vous ne connaissez peut-être pas le Grand Escroc d’Herman Melville, mais de grands escrocs, ça, vous en connaissez. On en connait tous d’innombrables, quand on ne l’est pas soi-même. Peut-être même le sommes nous tous, pour les autres. Un moyen de survie dira-t-on.

Quel est le plus grand escroc aujourd’hui ? Avec Melville nous imaginerons que ce n’est pas un personnage unique, mais une institution, un ordre, une religion, une société de bienfaisance, un gouvernement, un programme, une place financière, un commerce, une publicité.

Il y a dans l’escroquerie quelque chose d’amusant. Au fond, on se moque plus facilement de la victime que de l’escroc, comme au 19eme siècle on se moquait du cocu. Et puis il y a tellement de formes d’escroqueries. La pire peut-être est celle de ceux qui s’escroquent eux-mêmes… Ah ! Ces illusions d’honnêteté, de bonne conscience : hypocrisie, hypocrisie, hypocrisie ! Et il faut le théâtre pour le dénoncer et s’en amuser.

Affiche : Jung Yoon Lee

mercredi 1 août 2012

Pour seule fortune, les étoiles

2012. À la Citadelle de Besançon


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Le thème du spectacle est grave et actuel : la pauvreté, le dénuement. Il n’empêche le rêve, la beauté, la joie guident le spectateur.

Pour son théâtre, Patrick Melior s’inspire de plus en plus du cinéma. Notamment du réalisateur Kurosawa et de sa passion pour la peinture dans Dodes’Kaden, ou de Fellini. Comme souvent chez Fellini, il n’y a pas dans «Pour seule fortune, les étoiles» une histoire mais un ensemble de courts récits qui se croisent, se développent comme une partition musicale.

Le Théâtre Alcyon propose un spectacle-parcours original. Il serait impossible de présenter Pour seule fortune, les étoiles dans un théâtre fermé, traditionnel. Le metteur en scène joue ici avec les espaces d’un site unique, sur «une scène» de près de 10 ha, sous les étoiles…

lundi 1 août 2011

Alcyon en liberté

2011. Léonid Andreïev
À la Citadelle de Besançon

Comment un lieu de guerre, de violence jusque dans les angles de son architecture, peut-il devenir un lieu de paix, de beauté, de liberté ? C'est dans le plaisir de cette rencontre que s'inscrit notre spectacle.

S'inspirant librement de l'auteur russe Léonid Andreïev (1871 - 1919) nous avons composé dans " Alcyon en liberté ", un ensemble de textes dont les contenus sont étonnament liés à notre temps.


Autour d'un thème central qui est "la liberté", se déclinent les thèmes de l'enfermement, des frontières mais aussi de l'animalité et de l'humain, de la nature sacrifiée...(Au Jardin Zoologique : Le Tigre, Les Aigles...)

A la dureté d'un monde de pierre, de murs, de barreaux, de portes... s'opposent chez Andreïev le sourire d'un enfant devant un animal, la joie d'une petite fille dans un zoo. Le bonheur est dans l'infiniment petit, dans cette simplicité là. (La fillette et le phoque...)

Dans Jour de colère Andreïev donne la parole aux morts, aux fusillés, aux victimes des cataclysmes. On y trouve des descriptions hallucinantes mettant en scène les forces indomptables de la nature.

Enfin il y a les fantaisies pleines d'humour de Vassia le petit veau , du Monsieur important qui ne voulait pas mourir... Ce sont aussi des hymnes à la vie, au désir de vie...


Mais l'oxygène ! l'oxygène !

Tu comprends, tigre, tout ça, c'est nécessaire, l'oxygène. Ce n'est pas rien, l'oxygène !" Mais il ne comprend pas. Il ne me regarde pas. Comment un tigre pourrait-il s'évader ? Bon, imaginons que le gardien ait trop bu et qu'il ait oublié de fermer la cage, vers le soir, justement, quand il n'y a plus personne dans le jardin. Et ensuite ? La rue. Non, c'est impossible : que pourrait-il faire dans les rues avec la tête qu'il a ?

Extrait de "Jardin Zoologique"


Mise en scène, scénographie : Patrick Melior
Avec : Catherine Clerc, Stéphanie Renaud,
Jean-Pierre Bolard et Loïc Reiter

jeudi 1 janvier 2009

La Divine Comédie

D'après Dante

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Comme tout monument consacré, la Divine Comédie pose problème. Faut-il l'interpréter librement, l'adapter, la lire, l'étudier scrupuleusement ? Pour nous la réponse est de considérer cette œuvre comme matière, construction de l'imagination. Nous ne voulons être ni spécialiste, ni opportuniste, seulement passeur. Le théâtre, en tant que champ d'expériences, nous le permet. C'est là où la liberté de création épouse la responsabilité de l'artiste : faire de l'œuvre un monument d'enthousiasme.

Rêve, un film du Théâtre Alcyon :


2009, Une journée en Enfer... au Purgatoire, au Paradis

Saline Royale d'Arc-et-Senans

Il est proposé un voyage au cœur de la Divine Comédie de Dante. Durant quelques heures la Saline d'Arc-et-Senans devient l'espace d'une initiation à une œuvre réputée difficile mais que le Théâtre Alcyon et le metteur en scène Patrick Melior rendent accessible à tout esprit curieux. Cette journée comporte des lectures de la Divine Comédie, des séquences de mises en jeu théâtrales, des présentations de peintres ayant illustré la Divine Comédie, des photos et un film inspirés de Dante. En soirée sont proposés une réflexion et un débat.

Une journée avec... propose de faire découvrir des œuvres à travers l'expérience du théâtre. Cette manifestation, organisée par le Théâtre Alcyon, cherche à établir de nouvelles relations avec le public, à approfondir avec lui des textes que la mise en spectacle ne suffit pas toujours à faire comprendre et aimer.

2008, 33 minutes avec Dante !

Avignon, Théâtre du Funambule

Chaque jour à 10h rencontre avec Patrick Melior sur un thème particulier concernant La Divine Comédie. Des fragments de films, des lectures accompagnent nos réflexions. De courts extraits, lus par Annie Blazy, visent à faire découvrir une œuvre dont le secret est la simplicité.

1997, Lecture de La Divine Comédie
et Colloque sur « Dante et ses illustrateurs »

Musée de Pau



Au fort du Mont-Bart





Au château de Montfaucon



1994, La Commedia

Au château de Montfaucon et au fort du Mont-Bart

Rencontre entre un fou de Dante et une région soucieuse de fortifier son patrimoine. Décor grandiose, comédiens de talent, metteur en scène passionné servent merveilleusement l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis.

Marie-Thérèse Renaud-Simon
L'Est magazine, 3 juillet 1994


On se réveille le lendemain, et on se demande si on a pas rêvé...un autre « songe d'une nuit d'été ».

L'Est républicain, 8 juillet 1994


Voyage entre terre et ciel, enfer et paradis, rêve et réalité...Qui a vu La Commedia ne pourra jamais plus visiter le Fort du Mont-Bart sans penser à Dante.

L'Est Montbéliard, 20 juillet 1994


Une écriture de la Divine Comédie pour le Théâtre.

Présenter la Divine Comédie au théâtre est un défi. Tout ce qui touche au Poème Sacré est un défi. Sa lecture même en est un...L'oeuvre nous résiste, exige de nous. Prendre ce risque, voilà qui nous évitera peut-être "l'enfer des lâches qui vécurent sans vice et sans vertu".

Le théâtre ne peut tout résoudre. Rien ne pourra jamais remplacer la lecture du poème dans sa langue, sans intermédiaire, suivant le rythme et l'imagination du lecteur. Mais le théâtre peut être moyen d'initiation. Pour nous atteindre les idées ont besoin d'un espace, les images d'une épaisseur. Dante lui-même donne l'exemple, il se met en scène. Voulant réveiller la conscience de ses contemporains, il s'invente une expérience personnelle. Il s'adresse aux hommes en décrivant des espaces qui frapperont leur imagination, leur sensibilité. Il les invite à le suivre dans un monde ordonné, à la fois abstrait, chargé de signes et de symboles, mais aussi criant de vérités. Entre règle et émotion réside la théâtralité du poème.

La Divine Comédie dit comment "on s'invente une vie", une Vita Nova, lorsque l'on a, comme Dante, vécu "exilé de l'amour" et pressenti ce qu'aimer veut dire. Dante ne vivra l'amour qu'à travers un souvenir. S'il le réalise ce ne sera que dans la maturité d'une écriture savante et désespérée. La beauté rédemptrice de la Divine Comédie tient à ce désespoir, à l'inaccomplissement devenu tragédie intime. Dante exilé de la vie fait un rêve divin. Mais que pense-t-il du dernier regard de Béatrice ? Elle, si lointaine...Paolo et Francesca sont en enfer, Dante sera sauvé, mais eux se sont aimés alors que lui n'a pas obtenu l'amour de Béatrice. Les deux réprouvés sont ensemble, ils tournent dans le noir sans espérance, mais ils sont ensemble. Il est un Enfer au Paradis et un Paradis en Enfer.

La Divine Comédie est "tragédie intime" mais aussi "tragédie poétique". A Dante manque la matière pour exprimer l'immatériel. La beauté de son Paradis naît de cette impossibilité à le décrire. Le Paradis ne peut être qu'un souvenir...oublié, un poème...sans mot. La forme se perd en devenant sublime. De la Divine Comédie on ne peut donner une représentation réaliste. Pour l'interpréter il faut une image décalée, une image qui surprend comme toute image poétique. Nous devons faire comme si l'immatériel pouvait se dire avec des mots dont le sens serait perturbé, comme si le corps en perdant son centre de gravité devenait esprit. La vision poétique est le seul moyen de confondre l'âme.

Projet de Max Soumagnac

1982, L'Enfer

Création à Paris au Théâtre de la Cité Internationale en 1982 (33 représentations).

Spectacle plus qu'intéressant par tout ce qu'il recèle de foi dans le théâtre, de talent dans la réalisation.

Yves Grosrichard, La Montagne
24 janvier 1982


Des polygones volumineux ne cessent de se disperser et de se rassembler pour offrir aux yeux du spectateur des espaces oniriques.

Anny Goudet, Les Nouvelles littéraires


La mise en scène de Patrick Melior, avec la scénographie de Max Soumagnac, est très impressionnante. Pour ce grand texte, elle joue le jeu de la grandeur. Le dispositif scénique est fait de blocs de pierre titanesques parmi lesquels apparaissent les damnés dans des costumes pleins de fantaisie boschienne. La musique de Jean Catoire aide à comprendre le vrai sens du texte de Dante et met en lumière les aspects les plus profonds de l'interprétation de Patrick Melior.

Béatrice Didier, Revue Europe.


Par une série de visions fantasmagoriques rythmées par une musique envoûtante, nous pénétrons au cœur du royaume des péchés. La Divine Comédie a permis au metteur en scène Patrick Melior de laisser librement s'exprimer son imagination et son talent.

M.H. Gautier, Scène & Coulisses

Penthésilée

D'après Kleist

Penthésilée est à prendre sans réfléchir. C'est une tragédie primaire, barbare. Elle fait vivre une émotion brutale, physique. Elle agit loin des subtilités de l'analyse intellectuelle. Elle est au présent de l'émotion, inexplicable, irrationnelle, déraisonnable comme la passion amoureuse. Alors à la question de savoir pourquoi présenter aujourd'hui cette œuvre mystérieuse vient une réponse à la fois physique et métaphysique : Penthésilée est une prière, une prière mystique et sensuelle à un Dieu absent, une prière païenne d'autant plus tragique qu'elle n'a pas d'adresse, un amour déclaré mais sans objet. Cette prière impérieuse est d'autant plus exaltante qu'elle est proférée dans la solitude, un désert, dans le froid de l'absence.


Catherine CLERC interprète une flamboyante Penthésilée, tour à tour impériale, sensuelle, prise de doute, vulnérable, blessée... et sauvage ! 
Une performance.

Jean-Yves BERTRAND
Revue-spectacle.com Avignon le 30-07-2008

Qu’est-ce qui t’effraie en nous ?
As-tu peur des Amazones ?


Janvier 2009
Théâtre de l'Espace, Scène nationale Besançon
Festival OFF Avignon 2008
Théâtre du Funambule

Mars 2008
Réfectoire des cordeliers
Paris8

Novembre 2007
Théâtre du Voyageur
Asnières

Juillet 2005
Théâtre Antique
Vaison-la-Romaine

Mai 2005
Musée Garret
Vesoul

Festival OFF Avignon 2004
Théâtre du Bourg-Neuf

C'est l'histoire d'une femme excessive. Ses caprices donnent à sa personnalité un côté exécrable. Mais derrière ce tempérament de feu, cette violence déchaînée, c'est une guerrière amoureuse et frustrée qui hurle sa colère, pour ne pas pleurer. Cette femme c'est Penthésilée, reine des Amazones, amoureuse d'Achille qu'elle ne peut posséder. Cette passion entraîne sa démence jusqu'à l'obsession, jusqu'à dévorer son héros. Dans cette oeuvre de Kleist le décor, la mise en scène sont épurés. Le décor : un radeau incliné qui prend toute la scène. Au-dessus de lui, les personnages entraînent les spectateurs dans un univers fébrile, d'où le sang peut jaillir à tout moment. Au-dessous, c'est l'enfer, c'est Hadès qui vole les corps. Penthésilée est incarnée avec beaucoup de générosité et de puissance. Un jeu qui surprend et fait frissonner jusqu'aux larmes. Sa partenaire est tout aussi impressionnante. Un spectacle plein de poésie et d'émotions. Une belle adaptation, à la hauteur de son auteur !

Aurélie SALVERT
La Provence, mardi 27 juillet 2004


Monologue intérieur

Nous nous accordons la liberté “de jouer avec Kleist...” L’œuvre monumentale est interprétée ici par une comédienne qui reprend l’ensemble des répliques de Penthésilée. Le résultat est étonnant. Dégagé de l’histoire légendaire, ce choix dramaturgique, qui est aussi une expérience, place Penthésilée au centre du tableau, l’épopée devient monologue intérieur, les autres personnages ne sont plus que des fantômes, des fantasmes.

Par amour...

Sur un champ de bataille, près de Troie, Penthésilée, reine des Amazones, surprend par son comportement. Celui-ci est étrange, inexplicable, imprévisible. Par amour elle doit vaincre celui qu’elle aime, le héros grec, Achille. Combat impossible, paradoxal, irrationnel, au bord du gouffre. Dans son vertige, Penthésilée ne comprend pas ce qui lui arrive. Les sentiments qu’elle éprouve pour Achille échappent à toute convenance. Penthésilée, dévorée par l’amour, dévore l’être aimé. La frontière est si mince entre le baiser et la morsure, entre Eros et Thanatos.

Incertitude

L’œuvre de Kleist met en scène l’incertitude, l’incompréhension, la fragilité de l’être. Penthésilée est une tragédie-énigme. Sa lecture suscite une fascination embarrassée. L’amour de Penthésilée pour Achille est à ce point violent et confus que l’on ne s’imagine pas être capable d’en éprouver un semblable et pourtant...la fragilité de ce personnage extrême est la notre. Comme lui, on ne comprend rien à nous même. Peut-être, est-il des secrets qui rendent fabuleuses nos tristes destinées ?

Beauté d'une écriture

Mais Kleist, le poète, ne nous abandonne jamais à la désespérance. Il y a la beauté de son écriture, qui est aussi désir de vie, hymne à l’amour absolu.

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