Faust

D'après Gœthe

À Asnières en 2006 :



Au parc de Consolation (Doubs) en 2000 :



Arc-et-Senans (Doubs) 2006

Asnières 2006,
Villeneuve-la-Garenne 2005

Parc de Consolation (Doubs) 2000

Paris Cité Internationale 1979

Au jeu des comparaisons il n’y a pas photo entre les deux Faust à l’affiche ce printemps sur les scènes hexagonales. Tous les ressorts scéniques déployés à la Comédie-Française se révèlent incapables de maintenir à flot la mise en scène d’Alexandre Lang. Alors que le spectacle imaginé à Besançon par Patrick Mélior assume joyeusement sa simplicité. On ne saurait trop conseiller de réserver au Théâtre Granit de Belfort où la mise en scène de Goethe-Faust par Patrick Melior est à l’affiche après avoir été créée au Nouveau Théâtre de Besançon. Un formidable Méphistophélès incarné par une femme (Chantal Mélior). Un grand cabaret expressionniste où l’on rit et frissonne. Un bel appétit sans arrière-pensées.

René Solis, Libération, 4 mai 1999



Maudit soit tout ce qui enferme l'âme dans un réseau de leurres et de fictions, maudit soit ce monde des apparences qui s'impose à nos sens, maudites soient la gloire et la renommée...

Faust


Une épopée

Le Faust et le Second Faust naquirent de cette ambition, poursuivie par Gœthe pendant soixante années, de réaliser un drame suffisamment vaste pour situer le tourment de l’homme et le résoudre. Le souci passionné d’aller au-delà de toute mesure, de remettre en question toutes les acquisitions de l’esprit s’exprime ici. Parce que Gœthea dépassé la légende primitive, les états d’âmes romantiques, il a, pour nous, amplifié le mythe, donné un cadre plus large à nos interrogations. Pour accueillir toutes les interprétations, les tourments, les vertiges de notre siècle, il fallait une œuvre ayant l’ampleur d’une épopée.

L’idéal féminin

Imaginons un savant, perclus de connaissances (« Philosophie, droit, médecine, théologie aussi hélas ! »), imaginons qu’un soir le savant se désole : tant de savoir et si peu de vie ! Or il est déjà si tard, et le désir si pressant…Un Diable lui est donné, un bouffon, un Méphisto à plume de coq. Une petite goutte de sang au bas d’un parchemin et l’affaire est conclue. Faust et Méphisto se mettent en mouvement : un couple en voyage. Vers des repaires de sorcières, dans les montagnes du Nord, enivré par le sabbat de Walpurgis, Faust est entraîné vers les femmes, vers Marguerite dans les brumes germaniques, vers Hélène, l’idéal féminin de l’antiquité, au soleil de Méditerranée.

Un récit populaire

"Faust" est d'abord un récit fabuleux d'origine populaire. Mais chaque époque a donné au mythe une lecture spécifique. Avec Gœthe nous faisons le choix de la philosophie. Mais avec lui également nous savons que ce choix sera aussi un choix de théâtre, de spectacle, de jeu, de plaisir. Comme le docteur Faust, nous nous donnerons un peu au diable de la scène, à la paillette et aux apparences pour mieux goûter au plaisir de la pensée. L'intellect n’est pas ennemi du corps. "Faust"est aussi l'occasion d'un voyage dans des formes théâtrales très variées. Se côtoient théâtre réaliste, mélodramatique, poétique, tragique, comique, mais aussi dans le temps et l'espace, cabaret berlinois et exotisme oriental.

Ledoux, Rousseau…et Gœthe

Outre les dates, l’époque, ce qui lie Ledoux et Gœthe, c’est Rousseau. On connaît l’influence de Rousseau et de sa pensée sur «l’architecte-philosophe» qu’est Ledoux. Les réflexions de Ledoux sur le théâtre et la théâtralité sont directement marquées par la philosophie de Rousseau. L’écriture architecturale de Ledoux est inspirée par la nature, elle-même référence et symbolique formelle de son architecture.

Ce que l’on connaît moins, c’est l’influence de Rousseau sur un mouvement littéraire préromantique allemand : le Sturm und Drang (1770-1790). Ce mouvement compte parmi ses membres…le jeune Gœthe (cf. Werther), il oppose au rationalisme du siècle des lumières, à Voltaire, les exigences de l’imagination, de la sensibilité.

Dans le célèbre monologue de Faust, le docteur, le savant, pose les limites de sa science. La vie est un mystère plus large que tout ce que l’on peut imaginer. La connaissance, la science ne suffit pas au bonheur, à l’amour, à la vie.

On a donc bien à l’articulation entre ces deux siècles, le XVIII et le XIX, la question toujours posée de la maîtrise par l’homme de son destin. Cette même question court toujours. Notre XXI siècle, si savant, ne se la pose-t-il pas et de façon plus angoissée encore ? Le rêve de Rousseau, l’utopie de Ledoux, l’idéal de Gœthe ne sont pas de vieilles questions que l’on pourrait ignorer.