Penthésilée

D'après Kleist

Penthésilée est à prendre sans réfléchir. C'est une tragédie primaire, barbare. Elle fait vivre une émotion brutale, physique. Elle agit loin des subtilités de l'analyse intellectuelle. Elle est au présent de l'émotion, inexplicable, irrationnelle, déraisonnable comme la passion amoureuse. Alors à la question de savoir pourquoi présenter aujourd'hui cette œuvre mystérieuse vient une réponse à la fois physique et métaphysique : Penthésilée est une prière, une prière mystique et sensuelle à un Dieu absent, une prière païenne d'autant plus tragique qu'elle n'a pas d'adresse, un amour déclaré mais sans objet. Cette prière impérieuse est d'autant plus exaltante qu'elle est proférée dans la solitude, un désert, dans le froid de l'absence.


Catherine CLERC interprète une flamboyante Penthésilée, tour à tour impériale, sensuelle, prise de doute, vulnérable, blessée... et sauvage ! 
Une performance.

Jean-Yves BERTRAND
Revue-spectacle.com Avignon le 30-07-2008

Qu’est-ce qui t’effraie en nous ?
As-tu peur des Amazones ?


Janvier 2009
Théâtre de l'Espace, Scène nationale Besançon
Festival OFF Avignon 2008
Théâtre du Funambule

Mars 2008
Réfectoire des cordeliers
Paris8

Novembre 2007
Théâtre du Voyageur
Asnières

Juillet 2005
Théâtre Antique
Vaison-la-Romaine

Mai 2005
Musée Garret
Vesoul

Festival OFF Avignon 2004
Théâtre du Bourg-Neuf

C'est l'histoire d'une femme excessive. Ses caprices donnent à sa personnalité un côté exécrable. Mais derrière ce tempérament de feu, cette violence déchaînée, c'est une guerrière amoureuse et frustrée qui hurle sa colère, pour ne pas pleurer. Cette femme c'est Penthésilée, reine des Amazones, amoureuse d'Achille qu'elle ne peut posséder. Cette passion entraîne sa démence jusqu'à l'obsession, jusqu'à dévorer son héros. Dans cette oeuvre de Kleist le décor, la mise en scène sont épurés. Le décor : un radeau incliné qui prend toute la scène. Au-dessus de lui, les personnages entraînent les spectateurs dans un univers fébrile, d'où le sang peut jaillir à tout moment. Au-dessous, c'est l'enfer, c'est Hadès qui vole les corps. Penthésilée est incarnée avec beaucoup de générosité et de puissance. Un jeu qui surprend et fait frissonner jusqu'aux larmes. Sa partenaire est tout aussi impressionnante. Un spectacle plein de poésie et d'émotions. Une belle adaptation, à la hauteur de son auteur !

Aurélie SALVERT
La Provence, mardi 27 juillet 2004


Monologue intérieur

Nous nous accordons la liberté “de jouer avec Kleist...” L’œuvre monumentale est interprétée ici par une comédienne qui reprend l’ensemble des répliques de Penthésilée. Le résultat est étonnant. Dégagé de l’histoire légendaire, ce choix dramaturgique, qui est aussi une expérience, place Penthésilée au centre du tableau, l’épopée devient monologue intérieur, les autres personnages ne sont plus que des fantômes, des fantasmes.

Par amour...

Sur un champ de bataille, près de Troie, Penthésilée, reine des Amazones, surprend par son comportement. Celui-ci est étrange, inexplicable, imprévisible. Par amour elle doit vaincre celui qu’elle aime, le héros grec, Achille. Combat impossible, paradoxal, irrationnel, au bord du gouffre. Dans son vertige, Penthésilée ne comprend pas ce qui lui arrive. Les sentiments qu’elle éprouve pour Achille échappent à toute convenance. Penthésilée, dévorée par l’amour, dévore l’être aimé. La frontière est si mince entre le baiser et la morsure, entre Eros et Thanatos.

Incertitude

L’œuvre de Kleist met en scène l’incertitude, l’incompréhension, la fragilité de l’être. Penthésilée est une tragédie-énigme. Sa lecture suscite une fascination embarrassée. L’amour de Penthésilée pour Achille est à ce point violent et confus que l’on ne s’imagine pas être capable d’en éprouver un semblable et pourtant...la fragilité de ce personnage extrême est la notre. Comme lui, on ne comprend rien à nous même. Peut-être, est-il des secrets qui rendent fabuleuses nos tristes destinées ?

Beauté d'une écriture

Mais Kleist, le poète, ne nous abandonne jamais à la désespérance. Il y a la beauté de son écriture, qui est aussi désir de vie, hymne à l’amour absolu.